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Djibo Bakary, le nigérien qui a dit « Non » à la France

Djibo Bakary était une figure politique nigérienne importante, né en 1922 à Farié dans la région de Tillabéri au Niger, et décédé en 1998. Il est surtout connu pour son rôle dans la lutte pour l’indépendance du Niger et pour avoir été le chef du gouvernement du territoire du Niger de 1957 à 1958, à l’époque où le pays faisait encore partie de l’Afrique-Occidentale française.

Djibo Bakary était un ardent défenseur de l’indépendance du Niger. Il a milité au sein de plusieurs mouvements politiques pour promouvoir l’autonomie du pays vis-à-vis de la France.

Dès 1946, il s’engage en politique en devenant le premier secrétaire du Parti progressiste nigérien (PPN), affilié au Rassemblement démocratique africain (RDA).

Figure de l’aile gauche du PPN et du RDA, Djibo Bakary était un fervent partisan de l’indépendance immédiate du Niger. Il s’est opposé à la décision de Félix Houphouët-Boigny de ralentir le processus d’indépendance pour se rapprocher de la France.

Djibo Bakary est élu maire de Niamey en 1956. En 1957, il est nommé Vice-président du Conseil de gouvernement du Niger, une position qui correspondait à celle de Premier ministre du territoire. Il devient ensuite le Président du Conseil de gouvernement du Niger, où il tenta d’appliquer des politiques visant à préparer le pays à l’indépendance.

Djibo Bakary est surtout connu pour avoir fondé le parti politique Sawaba, qui signifiait « libération » ou « indépendance » en haoussa. Ce parti a joué un rôle central dans la lutte pour l’indépendance et prônait une rupture avec le système colonial français.

En 1958, Djibo Bakary s’oppose au référendum constitutionnel proposé par la France, qui offrait aux colonies françaises la possibilité de devenir des États membres de la Communauté française tout en restant sous influence française. Bakary et le Sawaba faisaient campagne pour un « non » au référendum, ce qui aurait conduit à une indépendance immédiate. Cependant, le « oui » l’emporte (avec l’implication directe de la France dans les élections qualifiées pour beaucoup de frauduleuses), et Bakary est contraint de quitter ses fonctions. Toutefois, tout le monde savait que sans l’intervention de la France, le Niger aurait été avec la Guinée de Sékou Touré les territoires à voter « Non » au référendum sur l’adhésion à la Communauté Française.

Après la défaite de son parti (en grande partie à cause du sabotage de sa campagne orchestrée par la France) et l’échec de sa vision pour une indépendance immédiate, Djibo Bakary est persécuté par le gouvernement nigérien soutenu par la France. Le Sawaba est dissous en 1959, et Bakary est contraint à l’exil, où il continue de militer pour ses idées.

La France a employé une variété de méthodes pour contrer l’influence de Djibo Bakary et du Parti du regroupement africain – Sawaba, qu’il a fondé. Ces méthodes, souvent subtiles et indirectes, visaient à affaiblir le mouvement indépendantiste et à consolider le pouvoir des élites pro-françaises au Niger.

La France a soutenu financièrement et politiquement les opposants à Djibo Bakary au sein du PPN, ce qui a contribué à affaiblir l’unité du mouvement indépendantiste.

Les autorités coloniales et postcoloniales ont utilisé la répression pour museler l’opposition. Arrestations, emprisonnements et exils étaient monnaie courante pour les militants du Sawaba.

Une campagne de diffamation a été menée contre Djibo Bakary et le Sawaba, les accusant de communisme et de vouloir instaurer une dictature.

La France a soutenu les gouvernements nigériens post-indépendance qui étaient favorables à ses intérêts, en leur fournissant une aide militaire et économique.

Les élections ont été manipulées pour favoriser les candidats soutenus par la France et écarter les partisans du Sawaba.

Le parti a été interdit et ses dirigeants contraints à l’exil, ce qui a considérablement réduit son influence.

Le successeur de Djibo Bakary, Hamani Diori, a bénéficié du soutien de la France pour maintenir son pouvoir pendant une longue période.

Il est important de noter que ces méthodes ont été employées dans un contexte plus large de la décolonisation et de la guerre froide. La France, comme d’autres puissances coloniales, cherchait à préserver son influence en Afrique et à empêcher l’émergence de régimes considérés comme trop radicaux.

Après de nombreuses années en exil au Ghana, au Mali et en Guinée, Djibo Bakary revient au Niger en 1974 où il se retire de la vie politique active. Il reste cependant une figure respectée pour son engagement en faveur de l’indépendance et de la souveraineté du Niger.

Djibo Bakary est souvent reconnu comme un symbole de résistance contre le colonialisme, et son héritage est encore célébré par ceux qui honorent la lutte pour l’indépendance en Afrique. Il décède à Niamey le 16 Avril 1998.

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