Ranavalona III, dernière reine de Madagascar

La future Ranavalona III de Madagascar est née le 22 novembre 1861 sous le nom de princesse Razafindrahety, fille d’Andriantsimianatra et de son épouse, la princesse Raketaka.
Adolescente, la princesse Razafindrahety a été placée sous la garde de sa tante, la reine Ranavalona II, qui a veillé à ce que Razafindrahety reçoive une éducation digne de son rang. À une date inconnue, elle épousa un noble nommé Ratrimo, décédé le 8 mai 1883, alors qu’il avait 22 ans. Au moment de son décès, des rumeurs circulaient selon lesquelles il avait été empoisonné pour laisser Razafindrahety libre de se remarier. La reine Ranavalona II vieillissait et la recherche d’un successeur était lancée.
De part sa lignée, Razafindrahety était qualifiée pour potentiellement accéder au trône, ce qu’elle a fait à la mort de sa tante le 13 juillet 1883. Son couronnement a eu lieu le 22 novembre 1883, date de son 22e anniversaire. Ranavalona a épousé le Premier ministre Rainilaiarivony, qui avait non seulement 33 ans de plus qu’elle, mais qui avait également épousé les deux reines précédentes. Son rôle en tant que reine était principalement cérémonial et les décisions étaient prises par son mari. Ranavalona passait son temps libre à voler des cerfs-volants, à jouer au loto ou à tricoter. Toutefois, elle ne va pas tarder à changer ce statut-quo et à s’investir d’avantage dans la vie de son royaume.
Durant son règne en tant que reine, elle a conquis le cœur des esclaves après avoir insisté sur le fait qu’ils soient traités comme des êtres humains malgré leur statut social et leurs responsabilités. Elle a fait plusieurs apparitions publiques, contrairement à ses prédécesseurs; et a donné plusieurs conférences et discours, honorant autant d’invitations qu’elle le pouvait. Elle a également visité des hôpitaux et des étudiants, en particulier des écoles de filles et des soldats dans leurs camps.
La reine Ranavalona III avait à cœur de préserver son pays et sa royauté et d’empêcher les Français de prendre le pouvoir. Le premier pas qu’elle a fait pour empêcher les Français de prendre le contrôle consistait à établir de solides relations commerciales et diplomatiques avec les États-Unis et le Royaume-Uni.
En 1886, la reine sollicita l’intervention des États-Unis pour aider à protéger Madagascar des Français en envoyant au président de l’époque, le président Grover Cleveland, des cadeaux coûteux, comprenant de l’ivoire et de la soie. Mais les États-Unis ne s’y intéressaient pas et ne prêtaient donc aucune attention à son plaidoyer. Cela l’a amenée à signer un traité qui donnait à la France un certain contrôle sur Madagascar afin d’empêcher la guerre, mais les Français souhaitaient un contrôle total sur Madagascar et ne reculaient pas.
Le règne de Ranavalona a été marqué par des tensions avec les Français. Les Français ont déclaré un protectorat sur Madagascar malgré l’opposition des malagasy. Les Britanniques ne voulaient pas aider à défendre la souveraineté de Madagascar, craignant que les autres puissances coloniales refusent de reconnaitre leurs propres protectorats. Plusieurs autres États ont continué de traiter directement avec le gouvernement de Ranavalona en tant que dirigeant légitime de Madagascar. Les Français bombardèrent finalement le port de Toamasina en 1894 et commencèrent à envahir l’île. Ranavalona a accepté de rendre le contrôle de son royaume après le bombardement de l’enceinte royale et la France a officiellement annexé Madagascar au 1er janvier 1896.

Le mari de Ranavalona a été exilé à Alger, où il est décédé un an plus tard. Ranavalona a été autorisée à rester, mais elle n’avait aucun pouvoir réel. La cour de Ranavalona a été exilée après avoir été accusée de soutenir une rébellion. Ranavalona a été arrêté et placé en résidence surveillée. Elle fut finalement exilée de Madagascar le 27 février 1897 et la monarchie fut abolie le lendemain. Ranavalona a été escortée hors de son palais au milieu de la nuit et est montée à bord d’un navire à destination de la Réunion. Elle a été rejointe par sa tante, sa soeur et sa nièce qui va mourir peu de temps après leur arrivée après avoir donné naissance à une fille. Ranavalona III est restée deux ans à la Réunion avant d’être transférée en Algérie.
A Alger, Ranavalona III avait le mal du pays et s’ennuyait. Elle a fait plusieurs demandes de visite en France jusqu’à ce qu’elle soit finalement autorisée à visiter le pays en 1901. Elle y est retournée à plusieurs reprises, mais la Première Guerre mondiale a mis fin à ses visites. Toutefois, elle ne fût pas autorisée à rentrer à Madagascar.
Ranavalona III est décédée subitement d’une embolie le 23 mai 1917. Elle a d’abord été enterrée au cimetière Saint-Eugene à Alger. Elle a été exhumée en 1938 et réenterrée dans la tombe de la reine Rasoherina à la Rova d’Antananarivo à Madagascar. Un incendie a détruit les tombes royales en 1995 et les restes de Ranavalona ont été les seuls à être sauvés de l’incendie. Elle a été réenterrée à Ambohimanga.
Son héritier était la fille de sa nièce, qui avait été baptisée catholique avec pour prénom ,Marie-Louise pour ne pas contrarier les Français. Son père était un soldat français. Elle étudie dans un lycée français et épouse le 24 juin 1921, André Bosshard. Elle devient infirmière et reçoit la Légion d’honneur pour ses services au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle et André Bosshard n’ont jamais eu d’enfants et ils ont divorcé. Elle est décédée le 18 janvier 1948 et a été enterrée en France.