Anne Zinga, reine de Ndongo
À la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, les États de la côte d’Afrique centrale ont vu leur puissance économique et leur contrôle territorial menacés par les tentatives portugaises d’établissement d’une colonie à Luanda (aujourd’hui en Angola). Nombre de ces États étaient devenus des puissances régionales grâce au commerce d’esclaves africains. C’est la demande croissante de cette main-d’œuvre humaine dans les colonies du Nouveau Monde, comme le Brésil, qui a finalement conduit le Portugal à rechercher le contrôle militaire et économique sur cette région. Les états de cette côte africaine ont été constamment attaqués par des soldats portugais et des « raiders » africains autochtones à la recherche de captifs pour le commerce des esclaves, et ainsi ces états africains ont été contraints à s’adapter à ces nouvelles circonstances ou de subir certaines destructions. La reine de Ndongo, Ana Nzinga, s’est révélée être un chef de file en matière de résolution de ces problèmes.
En 1624, Ana Nzinga a hérité de Ndongo, un État situé à l’est de Luanda et peuplé principalement de peuples Mbundu. À ce moment-là, le royaume était attaqué par les agresseurs portugais et africains voisins. Nzinga s’est rendu compte que, pour rester viable, Ndongo devait se repositionner en tant qu’intermédiaire plutôt qu’en tant que zone d’approvisionnement dans le commerce des esclaves. Pour ce faire, elle allia le Portugal à Ndongo, acquérant simultanément un partenaire dans la lutte contre ses ennemis africains et mettant fin au raid aux esclaves des portugais dans le royaume. Le baptême d’Ana Nzinga, parrainé par le gouverneur colonial portugais, a scellé cette relation.
En 1626, cependant, le Portugal avait trahi Ndongo et Nzinga fut forcée de fuir avec son peuple plus à l’ouest, où ils fondèrent un nouvel État à Matamba, bien au-delà du pouvoir des Portugais. Pour renforcer le pouvoir martial de Matamba, Nzinga offrit un refuge aux esclaves fugitifs et aux soldats africains formés par le Portugal et adopta une organisation militaire connue sous le nom de kilombo, dans laquelle les jeunes renonçaient aux liens familiaux et étaient élevés collectivement dans des milices. Elle a également fomenté une rébellion au sein de Ndongo même, qui était désormais gouverné indirectement par les Portugais via un souverain fantoche. Nzinga s’est par la suite alllié aux Pays-Bas, qui s’était emparé de Luanda pour ses propres besoins marchands en 1641. Cependant, leurs forces combinées ont été insuffisantes pour chasser les Portugais de l’Angola. À partir de ce moment, Nzinga s’est concentré sur le développement de Matamba en tant que puissance commerciale en capitalisant sur sa position de passerelle vers l’intérieur de l’Afrique centrale. Au moment de sa mort en 1663, Matamba était un État commercial redoutable qui traitait avec la colonie portugaise sur le même pied d’égalité. Nzinga, qui s’est reconvertie au christianisme avant de mourir à l’âge de quatre-vingt-un ans, fit sensation en Europe après la publication en 1769 de la «biographie colorée» de Jean Louis Castilhon, Zingha, Reine d’Angola, à Paris.